Compte-rendu de la réunion publique sur l’inclusion scolaire systématique et forcée du 18 novembre 2025.

Une réunion publique, initiée par le SNUDIFO 27, s’est tenue le 18 novembre 2025 à Gravigny. Elle a rassemblé des enseignants, des AESH, des personnels médicaux et médico-sociaux et des parents d’élèves. Son objectif était d’échanger pour faire le point sur les conditions de l’inclusion scolaire et de réfléchir aux modalités d’actions pour répondre aux besoins spécifiques de chaque élève et notamment les plus fragiles. 

Cette réunion est le prolongement des initiatives organisées par le SNUDI FO 27 tout au long de cette année civile : réunion publique le 25 mars, rassemblements devant la Préfecture de l’Eure le 14 mai et le 16 octobre.  

Lors de cette réunion, les témoignages entendus des participants ont été édifiants (voir plus bas) et ont démontré que l’inclusion scolaire, actuellement, était organisé de manière systématique et forcée, maltraitant ainsi tout le monde : les élèves les plus fragiles, les enseignants, les AESH, les autres élèves, … 

Derrière les grands discours, la réalité est bien plus sombre. Ce sont des économies que visent les gouvernements successifs ! N’oublions pas que le budget de guerre pour 2026 prévoit d’augmenter de 7 milliards le budget de l’armée alors qu’en contrepartie, celui de la santé va baisser de 7 milliards ! 

Les participants à cette réunion n’ont pas été dupes et ont confirmé la souffrance, les difficultés des enfants (porteurs de handicap ou non), parents, AESH, enseignants, personnels médico-sociaux.  

Ils ont confirmé que : 

– l’inclusion scolaire systématique et forcée n’est pas humaniste et respectueuse des enfants porteurs de handicap. Elle ne compense pas le handicap, elle aggrave les conditions de travail des enseignants et des AESH, elle laisse les parents démunis.  

l’école a besoin de moyens ! 400 enfants attendent une place en ESMS dans l’Eure.  Les listes d’attente sont interminables.  

les signalements au registre Santé et Sécurité au Travail par enseignants et AESH se multiplient (presque 300 depuis la rentrée) et relatent coups, insultes, stress, et épuisement. – les notifications AESH, même individualisées, ne sont pas respectées. Des parents doivent prendre un temps partiel car il n’y a plus assez d’heures d’AESH pour leur enfant !  

Loin de s’apitoyer sur leur sort ou sur la situation actuelle, tous ensembles, ils ont montré leur volonté de ne pas se laisser faire et de s’organiser pour faire entendre leur voix.  

C’est pourquoi l’idée d’un collectif ou d’un comité rassemblant toutes les personnes concernées par cette inclusion scolaire systématique et forcée a émergé ainsi qu’une initiative d’ampleur nationale.  

Le SNUDI FO 27 appelle donc celles et ceux qui veulent s’organiser et se mobiliser sur cette question à le contacter.  

Nos revendications sont plus que jamais d’actualité : 

– Abandon du budget 2026 Macron-Lecornu qui diminuent le budget de la santé de plus de 7 milliards ; 

L’abandon des PIAL et de l’acte 2 de l’école inclusive, l’abandon des PAS et des PIAL

Le retrait du décret visant à généraliser l’externalisation des ESMS

– La création des places en IME/ITEP à hauteur des besoins ; 

– Le recrutement d’AESH et de tous les enseignants spécialisés et PsyEN-EDA pour restaurer 

des RASED complets pour 800 élèves ; 

Un statut de fonctionnaire, un vrai salaire pour les AESH, un temps plein à 24h ; 

Le respect de toutes les notifications de la MDPH ;  

Le maintien de l’enseignement spécialisé

Stop aux économies sur le dos des plus vulnérables

De l’argent pour l’école, pas pour la guerre ! 

Quelques témoignages

Enseignante en lycée professionnel : J’arrive en bout de chaîne. J’ai en atelier des élèves avec des troubles du comportement qui sont dangereux pour eux-mêmes et pour les autres. Ces élèves sont en souffrance. Ils « coûteraient » certainement moins cher en établissement spécialisé. 

Carine (AESH) : Je suis AESH et un membre de ma famille est autiste, je déplore les listes d’attentes interminables (5 à 7 ans) pour être admis en établissement spécialisé et l’éloignement de ceux-ci. Tout le monde ne sait pas comment faire pour avoir une AESH.  

Je m’occupe de 4 enfants dans ma classe, 2 notifiés et deux en attente. Je fais de mon mieux mais c’est difficile de leur donner tout ce dont ils ont besoin. Cela me provoque de la souffrance. 

Céline (AESH) : Dans l’école dans laquelle j’interviens, plusieurs enfants ont des notifications d’AESH mais n’en ont pas. Les équipes pédagogiques sont en souffrance. Mon fils a une notification individualisée jusqu’en 2029. On lui a retiré de l’accompagnement (l’après- midi), car une famille a fait une demande en justice pour obtenir du temps d’accompagnement pour leur enfant et il a fallu récupérer des heures. Je suis donc obligée d’être à temps partiel pour pouvoir m’occuper de mon fils sur le temps où il n’est pas accueilli par l’école. 

Je pense qu’il ne faut pas taper sur le PIAL qui fait ce qu’il peut, c’est systémique, l’Education Nationale n’a pas le budget. Il faut taper aux portes pour que les budgets soient mis au bon endroit. 

Jocelyne (foyer de l’enfance) : C’est difficile pour nous aussi car les enfants arrivent souvent au foyer sans notification. On doit faire rapidement le lien entre les besoins de l’enfant et les établissements scolaires mais c’est compliqué. Aux difficultés scolaires s’ajoutent les difficultés sociales. Certains enfants que nous accueillons sont en attente d’IME depuis 2 ans et on nous annonce 3 voire 4 ans d’attente. Je remercie les enseignants et les AESH car ils sont courageux et travaillent dans la bienveillance. 

Solveig (maman d’élève) : J’ai une problématique pour mon petit garçon notifié individuel 18h à qui on reprend peu à peu des heures d’accompagnement dès la deuxième semaine de la rentrée.  

Sur mon école, nous avons 2 AESH pour 3 élèves notifiés en individuel et les enfants mutualisés n’ont plus aucun accompagnement. J’essaie de monter un collectif de parents car les quelques réponses que nous avons eues quand nous avons fait un recours (PIAL en tension,…) ne sont pas satisfaisantes. Je ne sais plus vers qui me tourner.  

L’enseignante est soucieuse du bien-être de mon fils et le prend mais c’est difficile pour tout le monde.  

Marie (enseignante) : Il faut un collectif ou un comité pour faire plier l’Etat (je fais le parallèle avec l’action de parents dans le secondaire pour les absences non remplacées). La gestion collective doit permettre de mettre au service de toutes les compétences individuelles de chacun. 

Cindy (enseignante et maman d’un enfant TSA) : Je suis d’accord, ce soir il y a des enseignants, des parents, des personnels médico-sociaux, des AESH. Nous voyons que nous rencontrons tous le même problème et nous voulons agir. Il faut mettre en route un collectif qui nous réunisse tous et nous donnera plus de force. On voit bien que seuls, on n’avance pas. Il est important qu’il y ait convergence entre parents et professionnels pour mener la lutte. 

Julie (parent d’élève élu dans une petite école de campagne) : Je travaille à l’hôpital, on nous demande tous les jours de prendre des décisions qui mènent à la mort de patients.  Je n’ai pas envie que l’école soit la suivante. Le corporatisme ne fonctionne pas. Là c’est un problème de la République donc il faut qu’on soit tous ensemble et les toucher au porte-monnaie. 

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