Madame l’Inspectrice d’académie,
Mesdames Messieurs les membres du CTSD,

Chaque année, la carte scolaire dans notre département nous réserve son lot de surprises, la version 2022 n’échappera pas à la règle !

Voici une liste non exhaustive de ces nouveautés et régressions :
Première grande surprise, une nouvelle organisation des échanges entre l’administration et les représentants des personnels avec la disparition d’une réunion de présentation des grandes orientations stratégiques adoptées par la DSDEN et la mise en place d’un groupe de travail sans documents et donc sans possibilité de défendre les différentes situations inscrites dans le projet de carte scolaire !
Pardon, je corrige, nous avons bien reçu un document début janvier avec une synthèse des effectifs des 538 écoles du département. Il nous faudra attendre la tenue du GT du 24 janvier et les explications de Monsieur le Secrétaire Général, pour comprendre que les effectifs donnés dans ces documents sont issus d’un nouveau logiciel informatique prenant en compte des moyennes de taux de passage en fonction des flux de population.
Nous comprenons enfin pourquoi les chiffres présentés sont quasi systématiquement inférieurs à ceux avancés par nos collègues directeurs …

Comment, Madame l’Inspectrice, nous faire croire à une quelconque transparence et sincérité dans nos échanges quand vous nous proposez un GT carte scolaire sans présentation de votre projet ?

Travailler sur des éventuelles fermetures/ouvertures de classe sans connaître les écoles concernées, sans connaître les seuils que vous fixez n’est-il pas un non-sens et une perte de temps pour nous tous ?

Alors que le 13 janvier, la profession était massivement en grève dans un mouvement historique avec le sentiment clairement exprimé d’être méprisée par notre hiérarchie, vous persistez en ce sens en écartant les représentants des personnels de leur rôle tout en leur donnant un os à ronger avec ce document qui sera le seul baromètre de votre carte scolaire.

Nous sommes profondément choqués de cette nouvelle pratique car contrairement à ce que vous annoncez, ce n’est pas par manque de temps ou le besoin de finaliser votre projet que vous avez refusé de communiquer mais pour une raison difficilement avouable : brider les échanges et empêcher toute forme de contestation.

Cette façon de procéder est d’ailleurs appliquée dans la quasi-totalité des départements, preuve supplémentaire qu’il s’agit bien d’une volonté ministérielle de couper court à toute possibilité d’opposition.

Autre nouveauté, ce calendrier serré qui bouclera en deux semaines une carte scolaire début février !
Au prétexte de l’organisation du mouvement intra départemental, la carte scolaire est perpétuellement avancée, record battu cette année avec des mesures arrêtées le 3 février et la garantie de ne plus pouvoir revenir sur vos décisions !

Sur le contenu même de vos décisions, là encore l’heure est aux désagréables surprises …

Notre département doit rendre cette année 5 postes en raison d’une baisse démographique que nous ne contestons pas. Mais cette baisse démographique n’était-elle pas justement une occasion unique pour baisser les moyennes par classe et créer les postes qui font tant défaut dans notre département ?
Si j’en crois vos propos extraits d’une interview du 24 février 2021 dans le journal de l’Orne, je cite : « L’idéal est d’avoir un effectif entre 18 et 22 élèves par classe.  », nous aurions pu espérer l’annulation de certaines fermetures comme la réalisation d’ouvertures supplémentaires.

Le plus marquant dans ce projet sera certainement le nombre délirant de fermetures d’écoles : 17 disparaîtront de la carte dans le cadre de fusions et de transferts.
A chaque fermeture, la rationalisation / optimisation reste la seule motivation au détriment du confort et de l’intérêt des élèves et du service public rendu à la population.
Quant au nombre de fusion d’écoles, elles sont au nombre de 10 et sont proposés souvent sans l’accord des mairies et des équipes pédagogiques. Encore une mesure qui ne répond qu’à une exigence : réaliser des économies !

Déception au niveau des postes RASED, les grands oubliés de cette carte scolaire, pas de rétablissement des 8 postes « volés » par votre prédécesseur en 2020 ni aucune création de postes pour permettre des RASED complets pour 800 élèves.
Pour remédier à ce manque de personnels spécialisés et encore au nom de l’optimisation des moyens, il est prévu de transformer les missions des RASED avec notamment la création d’un pôle ressource : les interventions des personnels RASED auprès des élèves seraient remplacées par l’apport de conseils et de ressources aux enseignants des élèves en difficulté. En résumé, vous transformez les enseignants spécialisés en « coachs formateurs-évaluateurs » et aux enseignants de se débrouiller seuls en classe !
Qui peut croire un seul instant que cette lumineuse idée sera dans l’intérêt des élèves !

Nouvelle déception sur les postes UPE2A :
Le poste supprimé sur Evreux l’année dernière n’est toujours pas restitué alors que le nombre d’élèves allophones scolarisés continue de progresser (les chiffres vous ont été transmis récemment) Le secteur de Bernay / Pont Audemer nécessiterait lui aussi la création d’un poste. Là encore, aux enseignants de gérer seuls !

Sur le département, les structures spécialisées ITEP, IME, ULIS…manquent cruellement. Aucune création n’apparaît dans les documents malgré des engagements. Ce n’est pas la volonté d’augmenter le nombre d’élèves par ULIS qui résoudra les problèmes, bien au contraire ! Nous rappelons d’ailleurs que dans les textes réglementaires, 10 est le nombre maximum d’élèves par ULIS.

Sur le remplacement, 17 postes sont créés, c’est une bonne intention dont nous nous félicitons mais qui reste très éloignée des besoins de notre département. Même en misant sur une amélioration de la situation sanitaire que nous espérons tous pour l’année scolaire prochaine, ces 16 postes ne permettront pas de répondre aux absences « classiques » hors contexte épidémique.
Nous espérons tous que ces 16 postes ne serviront pas de variable d’ajustement pour d’éventuelles modifications de votre projet de carte scolaire.
D’ailleurs, nous réitérons notre demande du retour à la distinction entre les ZIL et BD afin de ne pas négliger les remplacements de courte durée.

Dernier point sur les fermetures de classes dédoublées qui pour certaines écoles dégradent les conditions d’enseignement avec des effectifs dépassant les 12 par classe et une tendance à l’élévation des effectifs en cycle 3.

Cette carte scolaire n’est plus une carte scolaire qui répond aux besoins d’une population et des spécificités de terrain mais une carte scolaire purement comptable, qui cherche par tous les moyens à faire plus avec moins, à remplir au maximum et au-delà de leur capacité, structures spécialisées et dispositifs, rentabiliser les moyens humains sans se soucier de la dégradation de leurs conditions de travail, accueillir à moindre frais les élèves en situation de handicap en mutualisant les personnels accompagnants.
Et voilà que maintenant, dans ce même souci d’optimisation et quels qu’en soient les dérives, on décide de faire reposer les choix des fermetures de classe sur un unique outil informatique de gestion des flux de population.

Pourquoi vos référents numériques ne se pencheraient-ils pas sur un logiciel de calcul de la souffrance au travail, des ravages de l’inclusion systématique sans moyens, des heures d’enseignement perdus suite au manque de remplaçants ?

Avec une dotation négative, l’école que notre ministre vous contraint de dessiner dans votre projet de carte scolaire ne correspond aucunement à notre vision de l’école de demain.
S’il s’agit de faire croire que l’enseignement est une priorité nationale tout en cherchant à détruire la notion de service public au profit d’économie budgétaire, la FNEC FP FO ne pourra adhérer.

Sans hésitations nous voterons contre votre projet de carte scolaire 2022.